Métropole Rouen Normandie, une cohérence territoriale perfectible

Il y a quelques jours, le Président de la Métropole Rouen Normandie déclarait, devant les élus des 71 communes, vouloir « un territoire de grande qualité sur le plan naturel. Notre SCOT doit donc envoyer ce type de signal : aménager un territoire économe et sobre en foncier et en consommation d’espaces[1]. » Effet de Serre toi-même ! prend acte de cet engagement et salue le souci de défendre la zone du Bel-Event. Pour autant le document adopté par le Conseil de la Métropole le 11 octobre 2015 n’est pas si sobre en espace[2].

En dépit des efforts des services de la Métropole pour expliquer les choix faits en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme[3], Effet de Serre toi-même ! regrette la timidité des orientations définies.

Quelques semaines avant la Conférence internationale sur le Climat, le Schéma de cohérence territoriale n’est pas à la mesure des enjeux environnementaux qui s’imposent à tous[4]. Dans la stricte continuité du Schéma Directeur de l’Agglomération Rouen-Elbeuf approuvé en 2001, la Métropole n’ose pas rompre avec des orientations anciennes voire anachroniques. Trop d’élus ne sont pas encore conscients de la nécessité d’adapter notre territoire aux effets des changements climatiques et d’en atténuer les causes.

Effet de Serre toi-même ! rappelle les critiques formulées à l’occasion de l’enquête publique au printemps dernier[5] :

• Nous déplorons le gaspillage d’espaces périphériques dans une Métropole dont l’essentiel du territoire périurbain est rural ;
• Nous regrettons que l’Etat persiste à imposer un grand projet inutile, le Contournement-Est, et prescrive pour ce faire aux pouvoirs publics locaux des règles d’urbanisme contraires à la philosophie générale du SCOT ;
• Nous craignons que la poursuite de l’étalement urbain et le développement d’infrastructures routières favorisent une croissance anachronique des circulations automobiles dont l’impact sur la santé et l’environnement n’est plus à démontrer ;
• Nous considérons que la Métropole n’a pas vocation à devenir une plateforme logistique géante aux dépends du cadre de vie et des cohérences écologiques.

Pour autant, le SCOT adopté lundi dernier marque une évolution de la Métropole sur la voie d’une administration du territoire plus écologique. Le document d’orientation et d’objectif (DOO[6]) propose une série de mesures dont nous reconnaissons l’intérêt : densification de l’habitat, renforcement des équipements et des commerces de proximité dans les espaces urbains centraux, et maîtrise l’essor des pôles commerciaux périphériques, etc.

C’est un premier pas franchi sur la voie de la transition écologique du territoire. Nous espérons que la mise en œuvre de ce « projet d’aménagement à 15-20 ans sur le territoire de la Métropole » va permettre, d’ici la finalisation du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI)[7], de « changer la ville » et de porter des projets audacieux et utiles.

Dans le souci que la Métropole Rouen-Normandie devienne cette éco-communauté[8] qu’elle aspire à être, Effet de Serre toi-même ! rappelle son engagement[9] pour :

• la renaturation globale de la Vallée des Deux Rivières en complément du projet de Parc naturel urbain porté par la Commune de Rouen[10] ;
• la réalisation au plus près des besoins des riverains et pour une amélioration générale du cadre de vie du projet de nouvelle ligne de bus à haut niveau de service T4[11] ;
• la décroissance et la fluidité des trafics routiers qui traversent la Métropole[12] sans menacer ses espaces périphériques[13].

L’ouverture de concertations et d’espaces de dialogue au cours de l’année qui vient de s’écouler, donne à voir que la Métropole Rouen-Normandie admet aujourd’hui la possibilité d’échanger et de travailler avec la société civile.

Reste aujourd’hui à passer de la parole aux actes. Nous attendons des pouvoirs publics locaux des décisions fortes et des arbitrages qui associent démocratie et écologie et solidarité. Un cadre réglementaire favorable existe. Faut-il encore qu’il soit décliné en politiques publiques concrètes et efficientes. Les récents épisodes de pollution atmosphérique nous rappellent qu’il y a urgence[14].