La vallée des Deux Rivières : Greffe d’un poumon vert sur la ville de Rouen

Après plusieurs années de réflexions, d’études, de concertation et de débats, le projet de Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT), incluant le Document d’Aménagement Commercial (DAC), a fait l’objet d’une première validation par les élus de la Métropole le 13 octobre 2014. Il est désormais soumis à l’avis de tous dans le cadre de l’enquête publique, organisée entre le 18 mars au 16 avril 2015 sur l’ensemble du territoire de la Métropole, avant une approbation définitive envisagée en octobre 2015.

Cette contribution a pour vocation de proposer une orientation urbanistique nouvelle pour la vallée des Deux Rivières à travers un moratoire total de la consommation des terres naturelles et la renaturation des  »urbanités » sur une période de 10 ans afin de créer, au centre du territoire un grand espace dédié à la nature, à la biodiversité, à l’éducation à l’environnement et à la qualité de vie. Cet objectif est conçu aussi comme un élément innovant en matière d’urbanisme dont la portée pourrait être européenne en matière
d’attractivité.

A- UN LIEU CHARGÉ D’HISTOIRE.

Il y a un peu moins de dix ans, la Zone Humide de Repainville a été sauvée du bétonnage par l’action des citoyens et des militants écologistes. Depuis, le site développe, lentement mais sûrement, des activités visant à inscrire le développement durable, la nature et l’éducation au centre des préoccupations de tous les acteurs. Pour nous ce site, empreint d’une histoire citoyenne forte, doit accélérer, amplifier son évolution en s’appuyant sur l’existant. En effet, nous considérons qu’il est le point d’appui de la création d’une vallée naturelle, véritable poumon vert de l’agglomération au développement écologique exemplaire.

En 1997, la ville de Rouen envisage d’y construire une grande surface de bricolage avec un gigantesque parking (800 places). Immédiatement, des militants et des élus écologistes décident qu’un tel projet sur une Zone Humide est inacceptable. Une longue lutte de citoyens mobilisés s’engage. Le projet est abandonné en 1999, et le soulagement est grand de voir la logique  marchande et consumériste perdre au profit d’une logique de protection de l’environnement.

B- LA GÉOMORPHOLOGIE

Cette vallée est la résultante de l’érosion par les rivières et est délimitée par trois éléments de relief importants : La côte Sainte-Catherine et le plateau de Bonsecours (148m), le Massif du Roule (138m) et la colline de la Grand Mare (138m). On y trouve, en fond de vallée (10 à 27 m d’altitude), l’Aubette et le Robec ce qui représente une des deux dernières zones humides de
l’agglomération. On peut considérer cette zone comme inondable. On y trouve des sols alluvionnaires très plats et humides qui ont été historiquement très favorables au maraîchage.

C- LES ESPACES ET LEURS ÉVOLUTIONS

1- Le périmètre de travail.

Le périmètre de travail est délimité en noir. Il comprend donc une zone bordée à l’ouest par la place Saint-Hilaire et la voie rapide qui ramène sur les quais hauts rive droite (D95), au nord par la route de Darnétal puis dans le prolongement la route de Beauvais E46, à l’ouest par l’alignement entre le bois du roule et le bois Bagnère, et au sud par le bois Bagnère.

2- Les différentes Zones

A- Les zones à habitat ou activités (Rouges) :

Les zones à habitat ou activités (Rouges) : Ces zones sont au nombre de trois : une zone de mixité fonctionnelle Rouen innovation santé (1), le quartier du Mont Gargan (2) et le quartier de Waddington à Darnetal et la partie Est de Saint Léger du Bourg-Denis. Sur ces secteurs, la logique serait de végétaliser au maximum les axes de circulations douces, de limiter les minéralisations de l’espace public, de laisser les « dents creuses » en espace naturel. Pour ce qui est de l’habitat l’orientation serait de ne pas augmenter la densité, de ne pas consommer de nouveaux espaces excepté pour des initiatives participatives de logements collectifs et exemplaires au niveau énergétique. Sur l’évolution des emprises foncières dédiées aux activités économiques, elles seront considérées comme réserve foncière pour de l’économie sociale et solidaire.

B- Les zones à renaturaliser (vertes)

Les zones à renaturaliser (vertes) : Ces zones sont aujourd’hui urbanisées, le dépôt de la TCAR (1), le parc Saint Gilles , l’ensemble du Khalif et the undergroud et Expotec(2), l’îlot central comprenant des zones commerciales (3), et le parking des forains (4). Les zones 1, 3 et 4 sont à renaturaliser en totalité avec préemption des terrains par la Métropole afin d’y créer des réserves de biodiversité et des zones d’éducation à l’environnement. La zone 2 serait dédiée à la culture avec un pôle lié à l’histoire industrielle du 19ème/20ème (Expotec) et en face et en synergie un pôle cultures alternatives (Khalif + extension).

C- les zones naturelles à enrichir en biodiversité (Bleues)

Les zones naturelles à enrichir en biodiversité (Bleues) : Ces zones sont à travailler en matière d’exemplarité, en matière de gestion d’espace vert afin d’y développer la biodiversité.

D- Les zones d’ échanges avec le milieu urbain dense (violettes)

Les zones d’échanges avec le milieu urbain dense (violettes) : Ces axes doivent être traités avec beaucoup de soin en matière de végétalisation et de  confort des déplacements doux afin de générer la sensation d’entrer dans une zone différenciée par ses qualités environnementales. E- Le traitement des axes Routiers Le traitement des axes routiers : Les axes routiers doivent être réduits à leurs largeurs minimales, limités à 30 km/h et voir réduit au maximum leurs nuisances sonores.

D- LE SCOT ET CETTE ZONE.

A- Les reservoirs de biodiversité.

Le SCoT précise ce que sont les réservoirs de biodiversité : Ce sont les espaces des trames naturelles dotés de la plus grande richesse écologique, où les espèces peuvent effectuer tout ou partie de leur cycle de vie et où les habitats naturels peuvent assurer leur fonctionnement. Ils sont à protéger sur le long terme. Il s’agit des sites dont la richesse faunistique et floristique est avérée et qui sont souvent désignés et reconnus par un statut de protection, de gestion, d’engagement européen ou d’inventaire. Zoom sur la zone Vallée des deux rivières

B- développement de la nature en ville.

Le SCoT précise ce qu’est la mise en oeuvre de la trame verte et bleue qui passe aussi par le développement de la nature en ville. Sont ainsi protégés les coeurs de nature en ville identifiés sur la carte « Nature en ville » et la trame naturelle urbaine est préservée et développée. Les coeurs de nature en ville, têtes du réseau de la trame naturelle urbaine, constituent, à l’échelle des
espaces urbanisés, des réservoirs de biodiversité à préserver. Une trame naturelle urbaine est définie à l’échelle locale, s’appuyant sur les espaces verts publics et privés (parcs, squares, places, aires de jeu, grands jardins et parcs privés et jardins familiaux), les plantations d’arbres et les aménagements végétalisés, pour mettre en réseaux les coeurs de nature en ville entre eux et avec les milieux naturels majeurs du territoire.

E- CONCLUSION.

Au vu de ces éléments, il sera difficile de trouver une vision de transformation au SCoT, quand on voit que les grands projets sont essentiellement en accompagnement de la vision stratégique de la Directive Territoriale d’Aménagement qui transforme notre région en grande plate-forme logistique à dimension européenne. Voeu pieux au vu de notre géomorphologie,
accidenté par les boucles de la Seine et qui augmente le coût du transport de marchandises. Face à cette course folle, à un objectif inatteignable, cette contribution souhaite proposer une autre approche de notre territoire qui respecte l’environnement et les humains en générant de la richesse naturelle, de la richesse humaine et qui permettrait aux générations futures de notre Métropole, de pouvoir bénéficier d’un espace d’une qualité rarement atteinte en milieu urbain. Nous craignons que notre vision ne soit pas partagée par les élus de la Métropole…